lundi 19 avril 2021

TABLE RONDE SUR LA RECAPITALISATION - 11 DECEMBRE 2014

TABLE RONDE DU 11 décembre 2014: la Recapitalisation

TABLE RONDE AVEC VIRGINIE CALMELS, MARK STEAD ET TOM WOLBER

 


 

Jeudi 11 décembre 2014 une Table Ronde extrêmement intéressante s’est déroulée dans un salon de Châteauform’ City rue Saint-Dominique à Paris.

La réunion a commencé à 19h45 en présence de Virginie CALMELS, Présidente du Conseil de Surveillance, Mark STEAD, Directeur Général Adjoint Finances et Yoann NGUYEN, Responsable Relations Investisseurs.

Virginie CALMELS nous dit qu’elle ne fait pas de discours introductif car il est nécessaire de pouvoir répondre aux questions liées à l’opération de Recapitalisation.



Première question : Quel est l’intérêt de l’opération pour les Petits Actionnaires ?

Virginie Calmels : il faut d’abord remettre l’opération dans son contexte. L’intérêt est avant tout pour l’Entreprise car elle est dans une situation financière qui pourrait conduire à l’impasse.

Les conditions prévues au plan de financement ont été modifiées par la TWDC. Mais le dernier exercice est mauvais, c’est ce qui fait qu’on en arrive là. Le prévisionnel n’a pas été tenu sur la fréquentation. A l’horizon 2018, les prévisions de sont pas bonnes avec à l’horizon un point le plus bas évalué à une perte de 800 millions d’euros en 2018.

5 solutions ont été envisagées :

- Différer le paiement des intérêts, mais le découvert aurait été de 180 millions d’euros.

- Limiter les dépenses strictement aux dépenses de maintenance, le découvert aurait été de 300 millions d’euros et cela aurait fait baisser la compétitivité du Parc.

- Modifier la structure du financement et donc regarder un endettement supplémentaire, mais son montant aurait atteint 14 fois l’EBIDTA et il aurait été impossible de faire face à la dette

- Faire une augmentation de fonds propres par émission d’obligations convertibles, mais la probabilité d’attirer de nouveaux investisseurs est faible

- Faire une augmentation de Capital pour 1 milliard d’euros, mais avec peu de chance de réussite.

Un actionnaire : On remarque que toutes les prévisions faites depuis 20 ans se sont révélées fausses. Il y a 10 ans le Président Lacroix tenait le même discours pour l’augmentation de Capital 2004, opération qui n’a pas montré ses fruits. Celle d’aujourd’hui nous donne 10 ans pour rembourser 1 milliard, soit dégager 100 millions d’euros de trésorerie par an en vue du remboursement. C’est impossible. Nous sommes dilués et le cours est au plus bas. La société est quasiment en cessation de paiement. Les banques n’auraient jamais accepté une telle situation.

Virginie CALMELS : ce serait pire si on avait les banques

Mark STEAD : l’utilisation de la ligne de crédit disponible ne signifie pas qu’on est en cessation de paiement.



Actionnaire: mais elle devait être remboursée au 30 septembre, ce qui n’a pas été le cas.

Mark STEAD : elle doit être remboursée au 30 septembre, mais on peut retirer sur la ligne de crédit au 1er octobre

20h : arrivée de Tom WOLBER



Virginie CALMELS : les prévisions n’ont effectivement pas toujours été tenues. Le Conseil de Surveillance a été très présent pour dire qu’il fallait anticiper les échéances. On savait qu’on aurait le problème en 2015.

Un actionnaire : j’ai réalisé une étude sur 15 Parcs européens. Nous sommes le seul avec ces problèmes. La TWDC joue le rôle d’un pompier pyromane. L’important est d’identifier le problème du Business Model. Si vous avez des pertes c’est que le Business Model n’est pas bon. Il y a eu une mauvaise politique économique menée par les Présidents successifs. La faute à qui ?

Virginie CALMELS : on ne nie pas les faits. La faute à qui ? Il y a plusieurs points. Le prix de revient est supérieur aux prix pratiqués ; les Discounts... La politique de discount tirait le Chiffre d’Affaires vers le bas. On essaie de sortir de cette spirale. Mais cela s’est télescopé avec la crise. Si cela avait été en dehors de cette période de crise, on aurait pu en voir les fruits. On est revenu maintenant à une politique de discount contrôlée pour éviter une perte trop massive de visiteurs.

Un actionnaire : vous ne parlez que de problèmes de finances, mais le problème c’est la gestion. Vous n’avez jamais étudié la possibilité de faire des bénéfices. Les royalties, la gérance, tout est calculé sur le Chiffre d’Affaires. Actuellement la Société mère (ED SCA) est en positif, elle n’a aucune dette. Vous devez donc redresser vos résultats dans la filiale.

Virginie CALMELS : si on prend tous les PV du Conseil de Surveillance, on a souligné que l’entreprise doit se lancer dans la maîtrise des coûts. Des efforts ont été faits, mais pas toujours où l’on voudrait, notamment les frais de personnels car on continue à augmenter les salariés. Le vrai sujet est la politique d’investissement. La TWDC veut toujours que cette entreprise continue à investir malgré ses mauvais résultats à court terme. Il faut s’inscrire dans la durée. C’est un choix stratégique rare.

Un actionnaire : la TWDC n’est pas un actionnaire bienveillant. C’est eux qui ont le plus à perdre. C’est le seul et unique actionnaire à gagner de l’argent, à profiter de cette vitrine de communication pour développer ses activités annexes.

Virginie CALMELS : je ne me permets pas de juger, mais il n’y aurait pas d’Euro Disney sans la TWDC.

Le gouvernement français a voulu que ce soit une entreprise cotée.

La gestion opérationnelle est à considérer dans un contexte de contrainte : il y a une convention avec la TWDC. On discute avec eux de pas mal d’options, mais il faut voir d’où l’on part ; et il faut des arguments pour négocier. Là il n’y a pas d’autre deal possible compte-tenu de la situation.

Un actionnaire : Si demain est pire qu’aujourd’hui, alors il faut vendre vos actions. Y aura-t-il retrait de la cote ?

Virginie CALMELS : si le Prince suit, la TWDC n’aura pas 95%. S’il n’avait pas suivi, il aurait pu y avoir retrait.

Mark STEAD : la transaction est proposée. Il n’y a pas d’alternative. Si les actionnaires décident de ne pas suivre et si le Prince sort complètement, là la TWDC pourrait arriver à 95%. Il y a beaucoup d’options possibles.

Tom WOLBER : cela va nous permettre de continuer ce qui est important pour les guests : la qualité. Depuis deux ans on a recommencé à investir et on voit la satisfaction augmenter. Ratatouille est un très grand succès et la satisfaction dans les Studios augmente.

Nous voulons investir pour le 25ème anniversaire. Nous avons besoin de remplacer des systèmes.

La fréquentation a baissé de 5% mais le montant des dépenses augmente. Investir dans la qualité sera payant. C’est un travail de longue haleine.

Actionnaire : c’est choquant que la dépense moyenne augmente. Mais était-ce bien le moment d’engager des travaux de rénovation qui entraînent une baisse de 10% de la capacité hôtelière ?

Vous faites de perpétuels mensonges. C’est « abominable» que le Cabinet LEDOUBLE parle de caractère « équitable » de l’offre.

Tom WOLBER : pour les hôtels c’est indépendant.

Pour le prix de l’action, tout expert en arriverait à la même conclusion. Ce n’est pas une situation plaisante, mais on ne peut rien faire.

Virginie CALMELS : nous avons fait intervenir plusieurs experts dont la Banque Rothschild, le Cabinet JPR, …Le Conseil de Surveillance s’est entouré de Cabinets réputés. Il y a une différence entre l’esprit et la lettre, le droit et la justice.

Actionnaire : c’est plutôt une question « d’éthique ».

Virginie CALMELS : ce sont des gens compétents. La conclusion n’est pas biaisée. Le poids de la TWDC n’a pas eu d’impact sur l’indépendance de ces Cabinets.

Tom WOLBER : vous ne pouvez pas rénover d’hôtels sans les fermer ; et ce n’est jamais la bonne période. La rénovation permettra de faire une augmentation des prix. Les fermetures sont calculées. Tout doit être prêt pour quand on sortira de la crise. C’est nécessaire.

Virginie CALMELS : on aurait préféré avoir ce plan d’investissement avant la crise. La politique de discount couplée au non investissement, puis faire le contraire juste après mais pendant la crise, c’est le plus mauvais des timing.

Le management s’engage vers une gestion à moyen/long terme.

Cette activité (ndlr Parc de Loisirs) nécessite beaucoup d’investissements.

Tom WOLBER : en 2017, pour le 25ème anniversaire, il faudra des hôtels rénovés et à pleine capacité.

Un actionnaire: Revenons au détail de l’opération. La recapitalisation de 1 milliard d’euros est une manière de désintéresser les petits porteurs. C’est choquant de parler d’OPO.

Mark STEAD : aucune banque n’a voulu garantir l’opération. La TWDC se porte garant. Cela aura pour effet d’augmenter leur participation qui sera au moins de 41%. L’OPO est une obligation en droit.

Ce qui est unique, c’est que la TWDC l’annonce avant. Et c’est important car cela fixe le prix de l’action à 3,46 euros et donc le prix de 1,25€ est équivalent à celui de 3,46 avec l’augmentation du nombre d’actions. 1,25 est une valeur pondérée.

Le lancement s’est fait avant l’annonce des résultats annuels car on pensait que le prix de l’action pouvait tomber après cette publication.

En 2024, si le business se porte bien on pourra payer les intérêts et il restera environ 1 milliard de dette. Par rapport au business plan, on pense avoir les moyens de refinancer cette dette soit auprès des banques soit auprès de la TWDC.

En attendant il n’y a pas de remboursement, donc il y a plus de cash pour l’Entreprise.

Un actionnaire : vous voulez mettre à la charge de notre Société 600 millions d’une filiale ; mais on n’a pas à les prendre.

Mark STEAD : l’augmentation est faite seulement au niveau d’ED qui est cotée. Si on ne remonte pas la dette et que l’on fasse cette opération au niveau d’EDA, c’est la TWDC qui supportait tout. Et la valeur de l’action cotée aurait chuté de 90%.

Actionnaire : c’est très astucieux comme montage.

Mark STEAD : s’il y a décote de la dette, dans la situation actuelle cela voudrait dire que l’action ne vaut rien. Si les créditeurs prennent le contrôle, l’action tombe à 0.

Comment valoriser cette dépréciation ? Cela a été vu avec les Commissaires aux Comptes. Une entreprise cotée c’est la valeur du groupe.

Actionnaire : il faut rester prudent sur vos prévisions.

Mark STEAD : c’est basé sur ce qui se passe. La valeur actuelle est inférieure à la valeur comptable.

Un actionnaire : après l’opération, quel sera l’impact sur la baisse de la charge financière ? Est-ce que le départ de Philippe GAS s’est fait au bon moment, ou était-ce une sanction ? Si le marché français ne reprend pas tout de suite, avez-vous un plan B ?

Tom WOLBER : le départ de Philippe n’a rien à voir avec ses performances. Il y a eu le problème du Directeur de Shanghai qui est parti. Philippe a été nommé pour sa connaissance du marché oriental. Ce n’était sûrement pas le meilleur moment. Philippe aurait aimé rester pour superviser cette opération.

Mark STEAD : la baisse des charges sera de 13 à 15 millions d’euros.

Le marché français représente 50% de notre business. Pour le reste, on regarde les marchés qui se portent bien : Grande Bretagne, Espagne, et aussi les arrivées de touristes à Paris. On a initié tout un travail avec des Tour Operators. Ces touristes paient plein tarif, restent une journée et achètent beaucoup de souvenirs. La Russie, c’est difficile avec les évènements actuels. L’Arabie Saoudite aussi avec le prix du pétrole.

Un actionnaire : pourquoi les recommandations du Conseil de Surveillance n’ont-elles pas été prises en compte ? Dans votre dernier discours en Assemblée Générale, cela n’allait pas si mal ? Vous parlez de frais de personnels, allez-vous réduire votre rémunération ?

Virginie CALMELS : on émet des recommandations. Dans l’ensemble c’est suivi d’effet. En revanche la crise a fait que le timing n’était pas approprié.

Lors de la dernière Assemblée Générale on n’avait pas toutes les informations. L’activité s’est détériorée de mois en mois.

Mark STEAD : on a commencé à travailler à partir de janvier. Ce travail, on le fait chaque année. On s’est aperçus de la détérioration et une équipe a commencé à travailler dessus. A partir d’avril on a vu une chute du business et on a ajusté le business plan et élaboré des solutions.

Virginie CALMELS : nous sommes rémunérés par des jetons de présence. On peut imaginer des membres non rémunérés. Mais tout travail mérite salaire. Il n’y a pas de comparaison possible avec la masse salariale.

Un actionnaire : le Yield management permet à une entreprise d’anticiper. On n’a jamais vu ça : Euro Disney, année après année a subventionné des visites. La politique est d’assurer par les volumes. Mais ne vaut-il pas mieux avoir 8 millions de visiteurs rentables ?

Avez-vous entendu parler de la théorie de l’agence ? (Dans les sociétés cotées, il faut lisser les rapports de force entre actionnaires et managers). Dans le cadre d’Euro Disney l’actionnaire principal est aussi manager : d’où quel est le bien-fondé de la politique de la TWDC ? (exemple donné du rachat de Nokia par Microsoft)

Virginie CALMELS : en quoi ça va s’appliquer à Euro Disney ? Qui serait le potentiel acheteur ?

Actionnaire : après 10-15 ans il y aurait enfin des profits et pas de dividendes à distribuer.

L’argent vient au départ des Actionnaires et de l’Etat, c’est une spoliation.

Virginie CALMELS : je ne crois pas à l’application de cette théorie de l’Agence au cas Euro Disney. Il y aura toujours une forme de transparence.

Je ne crois pas que dans 20 ans il y ait des gros dividendes uniquement pour la TWDC. Il faudra toujours faire des investissements. C’est un fait que les plans d’affaires n’ont pas été tenus. Cette opération va nous permettre d’avoir de la souplesse. On n’est pas capables de générer beaucoup de résultats. Des résultats oui, mais pas beaucoup.

Un actionnaire : une participation à 100% ne change pas l’image. Si les charges sont proportionnelles au Chiffre d’Affaires, c’est insoluble.

Mark STEAD : c’est le cas de tous les Parcs, et ils sont rentables.

Virginie CALMELS : la France est un pays compliqué sur la main d’œuvre.

Mark STEAD : LEGO paye 8% sur le Chiffre d’Affaires ; Six Flags paye 12% sur le Chiffre d’Affaires.

Un actionnaire : tous les journaux financiers ont recommandé de ne pas participer à l’opération mais de conserver les titres pour le Club Actionnaires. Y aura-t-il toujours les mêmes avantages ? Comment se sont passées les Conférences en Province ?

Tom WOLBER : Chaque ancien membre du Club Actionnaire restera membre. Les conditions changeront pour les nouveaux. Il y aura les mêmes droits et les mêmes avantages.

Yoann NGUYEN : les Conférences se passent bien et les participants sont satisfaits.

Un Actionnaire : et Star Tours 2 ?

Tom WOLBER : l’année prochaine sort le nouveau Star Wars. On intègrera des modifications.

Il est 21h35 la réunion est terminée.

Note : Tom WOLBER s’est exprimé en anglais. Nous avions une traduction simultanée en cas de besoin

 

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